L’autocar est aujourd’hui l’un des moyens de transport les plus écologiques. Il est à la fois moins polluant que l’avion, mais aussi plus avantageux que la voiture, car il permet de transporter un nombre important de passagers. Les autocaristes, malgré ces points déjà positifs, ne cessent d’améliorer leurs performances pour des trajets toujours plus propres. FlixBus notamment, s’engage depuis longtemps pour justifier la couleur hautement symbolique de ses bus verts. Dès Pâques, une étape de plus sera franchie avec l’inauguration de la toute première ligne d’autocar 100 % électrique en France.
Un autocar fabriqué par un constructeur chinois
L’objectif de FlixBus est de permettre à une soixantaine de passagers en même temps, ce qui correspond à un autocar complet, d’effectuer le voyage Paris-Amiens, soit 170 km, sans pollution et en produisant un minimum de bruit. Grâce au partenariat entre le transporteur allemand et l’opérateur français B.E. Green, filiale du groupe autocariste Dominique, cette promesse est en passe d’être tenue. Peu avant Pâques, ils inaugureront en effet la première liaison d’autocar régulière 100 % électrique. Yvan Lefranc-Morin, le directeur général de FlixBus parle d’« une exclusivité mondiale qui n’avait encore jamais été proposée sur cette distance. »
Au départ, le projet a été rendu possible par l’achat d’un autocar auprès de l’un des deux constructeurs leaders en Chine, Yutong. Patrick Mignucci, dirigeant des autocars Dominique et créateur de B.E. Green en 2010 explique que « pour le moment, les constructeurs français, et même européens, préfèrent se concentrer sur les bus électriques urbains. Ils ont les capacités techniques mais le marché n’est pas encore suffisamment attractif » pour qu’il se lancent dans la production de véhicules longue distance.
Pourtant, ils auraient tout à y gagner, aussi bien sur le plan environnemental que d’un point de vue économique. « Un autocar 100 % électrique nécessite une douzaine d’euros pour faire le plein d’électrons lui permettant de couvrir en une seule fois la distance entre Paris et Amiens, au lieu de plus de 70 € en gazole pour un autocar classique », indique Yvan Lefranc-Morin. Même s’il est vrai qu’un véhicule électrique revient plus cher d’environ 30 % au moment de l’achat qu’un véhicule thermique, « le coût de l’énergie, ainsi que celui des pièces et de l’entretien, s’avère largement inférieur. » , explique Patrick Mignucci.
Les voyageurs devraient par ailleurs s’y retrouver aussi, car le tarif moyen d’un billet pour un aller simple s’élèvera à 12 € environ.
Des Européens curieux et impatients de se lancer
Une fois la phase de tests passée et si les résultats se révèlent concluants, les constructeurs allemand, Daimler, et français, Bolloré, pourraient être les premiers Européens à s’engager sur ce marché. En effet, ils suivent déjà de près les évolutions et n’attendent plus que les commandes. Cependant, il vaudrait mieux ne pas trop attendre, car le secteur chinois est en pleine expansion et ne tardera pas à s’installer dans le monde entier pour vendre des autocars électriques.
Patrick Mignucci ne semble pourtant pas très inquiet : « Le 100% électrique est une solution parmi d’autres. La technologie a fait de tels progrès que les moteurs diesels de dernière génération rejettent bien moins de polluants qu’auparavant. Pour des trajets dans un rayon de 200 km, le tout-électrique permet effectivement d’éliminer une grande partie de la pollution en oxyde et dioxyde d’azote (NOx et CO2), ainsi qu’en particules fines, notamment dans les villes. » Mais sur des distances plus longues, le volume et le poids des batteries restent encore problématiques, ce qui promet encore une longue vie aux moteurs thermiques.
La prochaine évolution est, selon le spécialiste des transports, plutôt à chercher du côté des autocars à hydrogène. « Si pour l’instant leur prix dépasse le million d’euros, cela devrait rapidement baisser. Ce qui permettra alors de parcourir de très longues distances en ne rejetant que de l’eau ! »
Partager cet article