En France, le marché de l’autocar est libéralisé depuis l’été 2015 et ne cesse de progresser. Présent depuis le début sur les routes de l’Hexagone, l’Allemand FlixBus fait aujourd’hui partie des leaders du secteur dans le pays, mais poursuit encore sa croissance et entend creuser l’écart avec ses concurrents, notamment en misant sur les autocars électriques.
Des bus verts toujours plus verts !
C’est bien connu, la circulation routière dans et autour de Paris peut parfois s’avérer difficile. C’est notamment le cas en été, lorsque des files interminables de véhicules rejettent des gaz d’échappement dans l’atmosphère déjà brûlant. Mais, au milieu des voitures et camions, un bus vert de FlixBus reste propre : il roule en effet uniquement à l’énergie électrique ! Il s’agit de l’autocar Yutong ICe 12, fabriqué par un constructeur chinois, et que teste actuellement FlixBus sur les 150 kilomètres de la ligne Paris-Amiens. Jusqu’à présent, aucun constructeur européen n’est capable de garantir une telle autonomie, sans recharge, avec un bus électrique. Si les autocars électriques sont plus respectueux de l’environnement, ils présentent également de nombreux avantages pour les chauffeurs et les passagers. Moins bruyants que les véhicules thermiques, ils rendent le voyage plus agréable et moins fatiguant.
Pour exploiter sa liaison écologique en France, FlixBus a convaincu et s’est associé à une entreprise de la région parisienne, Autocars Dominique, et à sa filiale, B.E Green. Cette dernière exploite déjà des autocars électriques depuis quelques années, pour les transports scolaires ou pour des entreprises. Mais la ligne Paris-Amiens-Paris est la première liaison longue distance. Depuis avril 2018, un bus effectue les trajets aller et retour en semaine, deux le week-end. Yvan Lefranc-Morin, le directeur de Flixbus France explique : « Nous avions depuis longtemps le projet d’inaugurer une ligne desservie par des autocars électriques, et nous savions que B.E Green était spécialisé dans ce domaine, c’est pourquoi nous les avons approchés. »
Tandis que les deux constructeurs allemands, Daimler et MAN, sont encore frileux à l’idée de développer des bus électriques (Daimler teste avec prudence son eCitaro en ville, MAN n’envisage une production en série qu’après les essais de terrain prévus pour 2020), Flixbus souhaite clairement s’imposer, avec son partenaire chinois, en matière de mobilité d’avenir respectueuse de l’environnement. Si le succès de cette première ligne 100 % électrique se confirme, FlixBus pourrait envisager d’autres liaisons vertes entre Paris et Rouen, Reims ou Orléans, par exemple.
Des résultats en progression constante
Pour promouvoir cette nouvelle liaison, FlixBus mise en particulier, et comme pour l’ensemble de ses quelques 300 liaisons opérées dans l’Hexagone, sur des tarifs concurrentiels. Plus chers à l’achat mais moins coûteux à l’exploitation, les autocars électriques n’obligent pas le transporteur à augmenter ses prix. Ainsi, la liaison entre Paris et Amiens proposée à partir de 4 € permet aux voyageurs de protéger à la fois l’environnement et leur budget. De même qu’avec ses 70 partenaires qui mettent à disposition leurs véhicules et leurs chauffeurs, Flixbus France a conclu un contrat de franchise avec Autocars Dominique. Le transporteur intègre les lignes à son réseau, gère la commercialisation, le marketing, la vente de billets sur Internet, et verse à son partenaire un montant garanti couvrant tous ses frais.
Mais FlixBus ne communique pas sur les chiffres, même si le directeur français concède que les sommes sont inférieures à celles qu’offre son concurrent OUIBUS à ses partenaires. Cela expliquerait notamment pourquoi les grands autocaristes travaillent plus volontiers avec la filiale de la SNCF. Il ajoute cependant, malicieusement, que OUIBUS n’est pas tenu d’être rentable, car le contribuable finance les pertes en fin d’année… Bien que FlixBus non plus n’enregistre pas encore de bénéfices, cela devrait être le cas au plus tard l’année prochaine, grâce à des calculs de coûts précis. D’après Yvan Lefranc-Morin, il est du ressort des partenaires d’optimiser leurs frais. Si un autocar estampillé FlixBus part totalement vide un matin, le partenaire, en raison du montant garanti, n’aura pas à en supporter la charge financière, mais si une liaison est rentable, les revenus seront partagés.
Le modèle économique du pionnier allemand de la mobilité connaît également du succès en France. En août 2015, le gouvernement français a libéralisé le marché national de l’autocar pour les liaisons de plus de 100 kilomètres. FlixBus n’a pas attendu pour se lancer et, détiendrait, d’après une récente étude de l’institut IGES sur les transports, près de 50 % des parts du marché français, ses deux concurrents, OUIBUS et isilines se partageant l’autre moitié. D’autres analyses, comme celles de l’ARAFER en juillet dernier, avancent des chiffres sensiblement différents : FlixBus apparaît second en termes de départs, avec 34 % des parts de marché, derrière OUIBUS (49 %) et Eurolines/isilines (14 %), tout en étant à quasi-égalité avec la filiale de la SNCF en matière de dessertes, à hauteur de 40 %.
Cette concurrence féroce porte sur les résultats. En France, Flixbus n’atteindra probablement pas son objectif de rentabilité fixé en janvier 2017 pour « 2018 au plus tard » . Bien que la grève de plusieurs mois à la SNCF au début de cette année ait permis aux bus verts de progresser, la direction se montre prudente : « Je suis confiant sur le fait que nous soyons soit rentable en 2018 encore, soit l’année prochaine. »
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