Il y a quelques jours, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) a publié l’état du marché de l’autocar pour le 1er trimestre 2017. Cette fois encore, les données fournies confirment que le secteur continue sa belle expansion, mais signalent, et c’est la nouveauté, que la stratégie des autocaristes a évolué. En effet, le maître-mot des transporteurs est à présent la rationalisation.
Un marché toujours en croissance
À la fin de l’année 2016, 180 villes françaises étaient desservies grâce à 985 liaisons réparties sur tout le territoire. Actuellement, 204 villes françaises sont disponibles en autocar via 1 073 trajets. Cela représente une hausse de 9 % du maillage territorial, et concerne principalement les nouveaux arrêts de bus saisonniers inaugurés dans les stations de montagne en janvier et les stations balnéaires en mars, en prévision des départs estivaux.
Dans le détail, FlixBus reste l’autocariste leader avec 721 liaisons, représentant 67 % du total de l’offre, suivi par Eurolines et sa filiale isilines qui proposent 457 lignes différentes, soit 43 % de l’offre. OUIBUS, enfin, dessert 318 itinéraires, et couvre ainsi 30 % du marché.
Mais la filiale de la SNCF tente de rattraper son retard et est le transporteur qui a connu le plus fort développement en termes d’ouvertures de lignes avec une hausse de 13 %. Au contraire, Transdev, maison mère d’Eurolines et d’isilines s’est contenté de 3 % de nouvelles lignes seulement. Quant à l’Allemand, toujours très offensif, il a opté pour une augmentation de 8 % du nombre de trajets proposés, en se concentrant sur des lignes non desservies par la concurrence. 63 % du réseau de FlixBus, soit 56 villes, sont en effet des lignes exclusives. Les deux acteurs français sont seuls en lice pour respectivement 36 % et 42 % seulement de leur réseau.
Des prix de plus en plus stables
Au moment de l’ouverture du marché en août 2015, les transporteurs misaient sur des prix toujours plus bas pour conquérir les voyageurs, mais avaient dès le second trimestre 2016 augmenté leurs tarifs, face aux pertes financières engendrées. Aujourd’hui, la recette moyenne s’est stabilisé 4,3 € HT pour 100 kilomètres, et 4,8 € HT pour les lignes exclusives.
Cela représente 30% de plus qu’au départ, mais une baisse de 8,5 % par rapport aux derniers mois de l’année 2016. Il semblerait donc que le niveau de prix actuel soit suffisamment élevé pour permettre aux autocaristes de faire des bénéfices, tout en restant particulièrement intéressant pour les voyageurs.
Au total, le secteur enregistre au premier trimestre 2017 18,7 millions d’euros de chiffres d’affaires.
Un meilleur remplissage des autocars
Jusqu’à maintenant, le développement des autocaristes consistait surtout en l’ouverture régulière de nouvelles lignes et des départs quotidiens. Or, le taux de remplissage souvent faible les a obligé à changer de stratégie. Même si, de manière générale, plus de lignes existent, les transporteurs ont réduit le nombre des départs quotidiens de 23 %, passant de 724 fin 2016 à 560 aujourd’hui, y compris sur les trajets les plus fréquentés comme Paris-Lille ou Paris-Lyon.
En s’adaptant aux besoins des clients, notamment en faisant évoluer les fréquences des départs entre la semaine et les week-ends, ou pendant les périodes de vacances, les transporteurs atteignent 44 % de remplissage de leurs véhicules pour les voyages internationaux, et près de 40 % pour les trajets en France.
Même si FlixBus se targue d’une grande flexibilité et d’une occupation de ses sièges de 65 %, la moyenne hexagonale reste en deçà des 50 % espérés par les autres acteurs du secteur. isilines notamment, souhaite avec cette nouvelle politique de rationalisation des moyens, atteindre la rentabilité dès 2018. OUIBUS, au contraire, a opté pour une rationalisation mesurée, et conserve 44 % de liaisons quotidiennes.
Entre le 1er janvier et le 31 mars, les trois opérateurs français ont transporté 1,35 million de passagers, ce qui correspond à une hausse de 25 % en comparaison avec le premier trimestre de l’année précédente. Le recul que note l’Arafer par rapport au dernier trimestre 2016 est imputable aux voyages saisonniers de fin d’année, et est négligeable, car globalement, le secteur de l’autocar en France continue de progresser. Preuve en sont également les 221 créations d’emplois depuis le premier trimestre 2016.
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