Libéralisation du secteur ferroviaire : la France se lance pour le transport de voyageurs !

Libéralisation du secteur ferroviaire : la France se lance !À l’instar du secteur de l’autocar, l’ouverture à la concurrence dans le domaine ferroviaire est le fruit de longues années de réflexion et de négociation au sein de l’UE. En effet, la Commission européenne a lancé dès le début des années 1990 un grand plan de réforme du rail pour mettre un frein aux monopoles nationaux, et permettre une meilleure croissance du secteur, mais aussi un service amélioré pour les passagers. Après la libéralisation du fret et des lignes internationales, c’est à présent au tour du transport de personnes d’évoluer.

Ouverture à la concurrence pour les voyageurs : comment ça marche ?

Ouverture à la concurrence pour les voyageurs : comment ça marche ?À la fin de l’année 2016, le « quatrième paquet ferroviaire » consacré à l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs a été adopté par la Commission européenne. Pour éviter des sanctions, chaque pays de l’Union a ensuite dû transposer les directives dans son droit national avant le 25 décembre 2018. En France, les résistances ont été nombreuses, et le vote de la réforme par le Parlement n’est intervenu qu’en juin 2018.

Si aucune directive n’oblige la France à privatiser ses rails, qui restent la propriété de la SNCF, et plus particulièrement de sa branche Réseau, elle est tenue de permettre à d’autres opérateurs d’y faire rouler leurs trains. Pour faciliter cette différenciation et préparer la libéralisation, l’entité SNCF Mobilités, gestionnaire des trains, avait déjà vu le jour en 1997.

Concrètement, SNCF Mobilités est aujourd’hui sur un pied d’égalité avec les entreprises privées qui souhaiteraient postuler pour exploiter des lignes de train en France. Elle devra, comme ses concurrents, participer aux appels d’offres qui seront lancés à partir de 2020, pour une exploitation dès 2022.

Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon : deux lignes tests

Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon : deux lignes testsPour inaugurer l’ouverture à la concurrence, l’État a choisi, le 9 janvier dernier, deux lignes Intercités : Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon. Celles-ci font partie des 7 lignes TET, trains d’équilibre du territoire, gérés par l’État. Les autres lignes Intercités et les TER, dépendant des régions, seront aussi peu à peu ouverts à la concurrence dès la fin de cette année.

Pour encourager les futurs investisseurs, ces deux lignes, qui transportent respectivement 686 000 et 387 000 voyageurs annuels, viennent de bénéficier du renouvellement complet de leur matériel roulant et disposeront de voies totalement rénovées d’ici à 2022. Le fait que leur maintenance soit effectuée par un même centre de gestion, pourrait également convaincre certains acteurs, soucieux des facilités d’exploitation.

Pour l’État, il s’agit par ailleurs de faire baisser les subventions d’équilibre, soit la part que verse l’État pour que ces lignes soient viables. Or, avec un chiffre d’affaires annuel de 30 millions d’euros et des subventions à hauteur de 25 millions d’euros, Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon ne sont aujourd’hui pas assez rentables pour rester dans l’escarcelle du Ministère des transports.

Quels opérateurs sont envisageables ?

Quels opérateurs sont envisageables ?Le calendrier d’ouverture à la concurrence de la Commission européenne prévoit, dès 2019, que les régions puissent également faire appel à des opérateurs extérieurs pour les TER, mais pour l’instant, seule la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a sondé le marché. D’autres régions ont indiqué être intéressées, sans pour autant avoir encore entamé de démarche concrète.

En principe, la libéralisation du marché français devrait, à la fois, intéresser d’autres grands groupes publics étrangers, comme l’allemand Deutsche Bahn ou le transalpin Trenitalia, mais aussi des acteurs semi-publics, comme Transdev, déjà très présent dans le secteur de l’autocar, ou encore des opérateurs privés, à l’instar de Flixtrain, filale de FlixBus, ou les tchèques Regiojet et Leo Express. Thello, une filiale de Trenitalia, qui exploite déjà des trains de nuits entre Marseille et Milan, pourrait vouloir une autre part du gâteau.

Dès décembre 2020, le réseau TGV sera à son tour ouvert à d’autres compagnies ferroviaires. La société espagnole Ilsa est déjà sur les rangs avec l’ouverture prochaine d’une ligne Madrid-Barcelone-Montpellier, pour concurrencer le TGV, actuellement géré par la SNCF en collaboration avec le rail national ibère, Renfe.

Des améliorations pour les voyageurs

satisfaction clientAu-delà de la réduction des coûts pour les sociétés nationales, la libéralisation du secteur ferroviaire voulue par l’Union européenne doit permettre des améliorations pour les usagers. Avec plus d’opérateurs en jeu, la fréquence des départs devrait augmenter, offrant une plus grande flexibilité de déplacements. Dans le même temps, les tarifs devraient baisser, chacun souhaitant s’imposer auprès des passagers, toujours plus enclins à comparer les offres.

Enfin, pour convaincre et fidéliser la clientèle, la ponctualité des trains, la qualité de l’accueil, ainsi que la variété et l’exclusivité des services proposés seront décisifs. La diversité des offres de trains, mais aussi d’autres moyens de transport, comme l’autocar, l’avion, ou le covoiturage, rend en effet les consommateurs beaucoup moins indulgents vis-à-vis des défauts de services et beaucoup plus volatiles vers d’autres alternatives pour voyager.

Les expériences à l’étranger

La libéralisation du secteur ferroviaire pour le transport de personnes en France semble donc pleine de promesses. Mais dans la réalité, il est encore difficile de savoir quels effets cette réforme produira. Les expériences vécues dans d’autres pays européens ont donné des résultats constrastés :

ItalieEn Italie, la société privée Italo a mis fin au monopole de l’entreprise nationale Trenitalia et a permis un rééquilibrage du marché.

AngleterreEn Angleterre, en revanche, les coûts pour le transporteur national ont certes diminué, mais, pour les clients, les prix des billets ont très fortement augmenté. Et ceux sans amélioration de la qualité de service, qui s’est même parfois dégradée.

AllemagneQuant à l’Allemagne, dont la France s’est inspiré pour faire évoluer le statut de la SNCF, l’ouverture à la concurrence a permis à l’État de diminuer de 20 % sa participation au budget du rail, tout en augmentant de 30 % le nombre de passagers transportés.

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