Le 12 novembre dernier, les directions de la SNCF et de BlaBlaCar ont annoncé, à la surprise générale de tous les acteurs des transports, le rachat de OUIBUS, la filiale d’autocars actuellement détenue par l’entreprise ferroviaire, par le leader européen du covoiturage. Les négociations exclusives engagées entre les deux transporteurs devraient permettre une fusion effective d’ici l’été 2019.
Un partenariat déjà bien établi
Née en 2004, la plateforme de covoiturage n’a pas tardé à s’imposer au milieu des autres acteurs de la mobilité partagée. Elle avait même déjà effectué un rapprochement avec OUIBUS lors de la série de grèves dans le secteur ferroviaire au printemps dernier. BlaBlaCar et l’autocariste s’étaient en effet associés pour proposer davantage de trajets en les partageant sur les deux plateformes, et pour ainsi compenser la hausse de la demande d’alternatives de transports due aux mouvements de contestation.
Ce qui n’était au départ qu’une expérimentation destinée à trouver des solutions de remplacement pour une situation exceptionnelle, semble cependant avoir donné des ailes à BlaBlaCar. Il n’est aujourd’hui plus uniquement question de proposer des places sur les axes d’autocar les plus fréquentés, mais bel et bien d’une acquisition à 100 % de OUIBUS. Pour mener à bien ce projet, BlaBlaCar vient de réaliser une levée de fonds à hauteur de 101 millions d’euros, à laquelle participe notamment la SNCF. Même si le montant total et définitif de la vente n’est pas encore connu, cette opération est gagnante pour les deux acteurs, puisqu’elle permet en même temps à l’entreprise du rail d’entrer au capital du repreneur de ses autocars.
Des offres complémentaires
Sur le marché très concurrentiel de la mobilité, BlaBlaCar et OUIBUS ont en réalité pour concurrent commun la voiture individuelle. Leur fusion semble donc logique. D’autant plus que par le rachat de l’autocariste, BlaBlaCar complète son offre pour devenir un acteur global de la route, quelque que soit le moyen de transport. Grâce à la force de son nouveau propriétaire auprès de 65 millions de clients dans 22 pays du monde entier, OUIBUS, jusque là surtout présent en France et en Europe, développe en retour son influence au niveau international.
Par ailleurs, comme le note le cofondateur et directeur général de BlaBlaCar, Nicolas Brusson, il existe une « complémentarité très très forte » entre les différents moyens de transport. En rachetant OUIBUS, la plateforme de covoiturage pourra réguler la circulation de ses flottes, en fonction des besoins des voyageurs. Si de nombreuses offres de covoiturage sont disponibles pour un trajet donné, il sera possible d’éviter de faire circuler un autocar presque vide ; à l’inverse, s’il existe de nombreuses demandes pour un trajet peu proposé en voiture partagée, il sera aisé d’opérer une ligne d’autocar.
Enfin, le passage de l’autocariste du giron de la SNCF, acteur ferroviaire, à celui de BlaBlaCar, leader de la mobilité routière, permet de développer l’offre multimodale, combinant le train, le bus et la voiture pour offrir aux clients des solutions de transport de porte à porte via un seul intermédiaire. Cette stratégie s’inscrivant à la fois dans les ambitions de la SNCF et de BlaBlaCar, OUIBUS leur offre à tous les deux de belles perspectives d’avenir.
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