Après que FlixBus a su profiter de la libéralisation du marché de l’autocar en France en août 2015 en s’imposant rapidement comme leader du secteur dans l’Hexagone, les bus verts ont de plus en plus conquis l’Europe. Tandis que leur offre de mobilité alternative a immédiatement rencontré le succès dans certains pays, le transporteur allemand a dû et doit encore faire face à des obstacles sur d’autres marchés. La rédaction de CheckMyBus fait le point !
Suisse : l’interdiction de cabotage empêche les liaisons nationales
La loi suisse prévoit dans ce que l’on appelle l’interdiction de cabotage que seules des entreprises suisses puissent proposer des services de transports de personnes. FlixBus doit donc se limiter, en Suisse, à opérer des liaisons transnationales, mais cela ne l’empêche pas pour autant de développer son réseau. Actuellement, douze villes suisses font partie du plan de desserte, et les voyageurs peuvent entre autres se rendre en Allemagne, en Italie et en France. Mais ce scénario comporte également des risques, car en raison du tarif élevé des billets pour un trajet en Suisse, certains passagers seraient prêts à réserver un ticket transnational avec FlixBus, pour finalement descendre à un arrêt précédent se trouvant en Suisse. Un tel détournement de l’interdiction de cabotage pourrait déjà être reproché à FlixBus, qui devrait régler une amende. C’est la raison pour laquelle l’autocariste s’interroge actuellement sur la possibilité de créer sa propre filiale suisse, qui prendrait en charge les liaisons nationales. Cependant, cette option ne semble pas encore être une priorité dans l’agenda de FlixBus.
France : la loi Macron a ouvert la voie
L’actuel candidat à l’élection présidentielle française a œuvré à l’été 2015, en tant que ministre de l’Économie, à la libéralisation du marché de l’autocar en France. FlixBus n’a pas hésité longtemps avant de créer une filiale nationale dans l’Hexagone et à couvrir l’ensemble du territoire grâce à des nombreuses nouvelles liaisons d’autocar. Rapidement, le transporteur allemand s’est imposé face à ses concurrents, même les plus puissants comme OUIBUS, filiale de la SNCF, et est depuis quelques mois le leader incontesté dans le pays.
Autriche et Pays-Bas : quasiment pas de concurrence pour les bus verts
En Autriche et aux Pays-Bas, FlixBus propose aussi bien des liaisons nationales qu’internationales. Tandis que près de 3,3 millions de voyageurs ont profité des bus verts en Hollande ces trois dernières années, en Autriche, FlixBus a convaincu, uniquement au cours de l’année dernière, 2,7 millions de passagers. Une grande partie des liaisons est par ailleurs desservie en coopération avec les transporteurs nationaux Blaguss et Dr. Richard. Depuis avril, les trajets proposés par l’autocariste westbus sont également disponibles via FlixBus. Comme en France avec la SNCF, le réseau ferré autrichien (ÖBB) tente également de concurrencer FlixBus : l’année dernière, la filiale Hellö a vu le jour. Elle opère actuellement des liaisons vers 25 destinations dans six pays européens.
Italie : échec de l’interdiction de FlixBus
Au cours des derniers mois, FlixBus s’est fait remarqué en Italie. Quatre sénateurs de la région des Pouilles ont complété le décret général Milleproroghe d’un texte de loi prévoyant que seules les entreprises dont l’activité principale est le transport de personnes puissent opérer des lignes de bus longue distance. Dans la mesure où FlixBus n’est pas à proprement parler un autocariste, mais une société de prestation de services proposant une plateforme de réservation pour différentes entreprises partenaires, cette loi que l’on a rapidement surnommée loi anti-FlixBus aurait pu sonner le glas pour les bus verts en Italie. Mais cette semaine, la modification de la loi a été supprimée du décret général, ce qui permet à Flixbus de pouvoir continuer à desservir ses liaisons en Italie. Andrea Incondi, le directeur général de FlixBus Italia, a salué cette décision comme « non pas la victoire d’un seul, mais de tous » et insiste sur le fait que, dorénavant, les voyages à bas coûts sont assurés d’un avenir durable en Italie.
Cependant, une concurrence prometteuse est déjà dans les starting-blocks : l’autocariste Busitalia Fast, une coopération entre les chemins de fer italiens (FS) et le transporteur déjà bien établi Simet, a été présenté cette semaine au salon spécialisé de Berlin, BUS2BUS, et s’est montré très ambitieux. Dans un premier temps, Busitalia Fast veut relier 90 villes d’Italie et d’Allemagne, puis rapidement développer son réseau dans toute l’Europe. L’objectif de Busitalia Fast est explicite : devenir le plus grand autocariste international.
Allemagne : des obstacles potentiels pour le marché de l’autocar
Grâce à la reprise de plusieurs concurrents et la récente cessation d’activité de la filiale des chemins de fer allemands, Berlin Linien Bus, FlixBus s’est imposé en Allemagne avec plus de 90 % des parts de marché. Cependant, une modification de la loi est actuellement en discussion et pourrait avoir des répercussions durables sur le secteur de l’autocar allemand en général. Il est, par exemple, depuis longtemps question d’une taxe de péage pour l’autocar : même si celle-ci est toujours rejetée avec véhémence par le ministre des transports, Alexander Dobrindt, la ministre de l’économie, Brigitte Zypries, à dernièrement insisté, au cours d’une visite dans les bureaux de FlixBus, sur le fait qu’une cotisation obligatoire serait définitivement discutée lors de la prochaine législature. Par ailleurs, la vignette écologique bleue pourrait être un obstacle : il est effectivement prévu que seuls les véhicules appartenant à la classe d’émissions Euro 6 soient autorisés à circuler dans les centres-villes, ce qui n’est cependant pas le cas de tous les autocars. Enfin, une modification de la loi concernant le transport de personne, déjà conclue au moment de la libéralisation du marché de l’autocar il y a plus de quatre ans, entrera en vigueur au début de l’année 2020 : tous les autocars devront être accessibles aux personnes à mobilité réduite, et donc être équipés d’au moins deux places pour des fauteuils roulants. Même si les transporteurs dispose pour l’instant encore d’un délai de tolérance pour s’adapter, depuis 2016, tous les bus immatriculés pour la première fois doivent pouvoir accueillir des personnes handicapées.
Scandinavie : l’expansion de FlixBus continue
Depuis longtemps, FlixBus a annoncé vouloir également conquérir le marché scandinave. Les premières étapes ont été franchies : une filiale de FlixBus, Nordics, a été créée, et grâce à sa coopération avec différents autocaristes, de nombreuses villes au Danemark et en Suède ont rejoint le réseau international de FlixBus. Avec Oslo et Sarpsborg, les premières destinations norvégiennes ont été inaugurées au début du mois d’avril. Il faut maintenant patienter pour voir si les bus verts trouveront leur place dans le Grand Nord, et si, là encore, il leur faudra surmonter certains obstacles politiques, ou encore pour observer la manière dont FlixBus se positionnera par rapport à la concurrence locale, nouvelle ou bien établie, comme Swebus.
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